Vingt ans après avoir été écrite et jouée pour la première fois, l’œuvre de Philippe Soldevila et Simone Chartrand Le miel est plus doux que le sang reprenait vie sur les planches du Théâtre Denise-Pelletier pour la grande première ayant eu lieu le 4 février dernier.
Dans une mise en scène rafraîchissante de Catherine Vidal, l’histoire prend place dans une résidence étudiante de Madrid où trois artistes marquants se sont réellement rencontrés dans les années folles : Luis Buñuel (François Bernier), Frederico Garcia Lorca (Renaud Lacelle-Bourdon) et Salvador Dali (Simon Lacroix), dont le titre du spectacle reprend le nom d’une de ses premières œuvres surréalistes.
Les trois artistes en devenir feront la connaissance de Lolita, personnage fictif créé par les auteurs interprété par la pétillante Isabelle Blais. Luis, Frederic et Salvador sortent tout juste de l’adolescence. Ils sont naïfs, portent des idées de grandeur, rêvent sans limites et vivent comme s’il n’y avait pas de lendemain. Dans chacun d’eux se trouve un artiste en devenir qui bouillonne d’idées et de créativité, mais qui cherche sa place au sein d’une Espagne marquée par la menace de la guerre civile.
Alors qu’ils s’influencent et s’inspirent mutuellement dans leur création et leur quête existentielle, ces artistes dont les oeuvres respectives seront marquées par le surréalisme, dont l’influence se ressent dans les textes et la mise en scène, se nourrissent des réflexions et de la maturité de Lolita. Chanteuse de cabaret engagée, celle qui deviendra leur muse les fait avancer dans leurs questionnements et les mènera vers le chemin de la dissidence, de la remise en question et de la passion qui se trouve en chaque créateur.
Le miel est plus doux que le sang permet de découvrir l’histoire de trois grands artistes tout en saisissant d’abord leur vécu et la genèse de leurs créations. L’oeuvre aborde également des thèmes comme les limites de l’amitié et de l’amour, l’homosexualité de Lorca, le doute artistique et le rêve.
Chorégraphiés à la perfection, les déplacements des personnages ajoutent un rythme qui était nécessaire pour ne pas que l’histoire tombe à plat. Que ce soit en abolissant le quatrième mur à quelques reprises ou encore par des petits pas de danse ici et là, le tout s’harmonisait bien au contexte artistique surréaliste qui a inspiré le trio. Simon Lacroix interprète un Dali saugrenu, plein de mystère et de contradictions. Il est sans aucun doute l’étoile de ce spectacle, en faisant fuser les rires de toutes parts chaque fois qu’il arrive sur scène ou qu’il donne une réplique.
Dans un décor qui rappelle ces années 1920, les personnages vont à la rencontre l’un de l’autre et forgent leur identité créatrice. Ils deviendront petit à petit le cinéaste Buñuel, le poète Garcia Lorca et le peintre Dali qui ont chacun marqué leur époque à leur façon, et pour qui tout a commencé au même endroit, cette résidence étudiante espagnole où tout semblait possible.
Le miel est plus doux que le sang est présenté au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 27 février prochain.
Crédit photo : Gunther Gamper
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