Mardi le 25 avril dernier, les musiciens de jazz du Trio Jonathan Turgeon ont lancé leur deuxième album, Les rêves errants, en compagnie de l’invité sur leur opus, le saxophoniste Frank Lozano au resto-bar Upstairs. Le leader du trio, le pianiste Jonathan Turgeon, nous raconte comment ils ont accouché de l’album, les artistes qui les ont inspirés ainsi que les caractéristiques d’une prestation de jazz typique comme celle qu’ils ont offerte à leur lancement.
L’aventure de l’album Les rêves errants débute alors que Jonathan Turgeon est sur la lancée du premier album du trio, Au fil des feuilles qui craquent, lancé en 2015. Il fait la rencontre déterminante du saxophoniste Frank Lozano : « Je l’ai côtoyé sur la scène jazz à Montréal dans des jams. Après, à McGill, j’ai joué un peu avec lui en plus de l’avoir eu en cours de composition. J’ai trouvé que c’était vraiment une personne fantastique, côté humain et musical. Alors, je me suis dit « Il faut vraiment que je fasse un album avec lui » », révèle-t-il. De fait, il a suivi un cours donné par Frank Lozano alors qu’il effectuait sa maîtrise en musique en interprétation jazz à l’Université McGill. Il songeait, dès le départ, à inclure un musicien invité sur l’album : « J’avais déjà commencé à écrire de la nouvelle musique. En fait, ça fait depuis deux ans que s’écrit la musique pour cet album-là. Depuis la fin du premier! Le projet a surtout pris forme quand j’ai pensé collaborer avec Frank Lozano. C’est à ce moment que j’ai pensé « Ah, ce serait bien d’avoir un artiste invité« , pis là, j’ai écrit des pièces qu’on a pratiquées d’une certaine façon », expose-t-il.
La démarche artistique que nous retrouvons sur les deux albums du groupe de Jonathan remonte au moment où ce dernier a rencontré ses deux acolytes, le contrebassiste Hugo Blouin et le batteur Jean-Philippe Godbout, lorsque tous trois étudiaient au baccalauréat en musique à l’Université de Sherbrooke. « On jouait ensemble dans certains groupes : à l’université dans le baccalauréat en musique, ils forment des groupes pour les cours. On avait joué un peu ensemble et j’avais trouvé qu’ils étaient les meilleurs musiciens de la place. Je suis resté avec eux depuis ce temps-là ». Ils ont ainsi formé le Trio Jonathan Turgeon en 2012 durant leurs études. Pour leurs propres compositions, ils puisent autant du côté des musiciens jazz les plus connus que du côté de ceux qui font du jazz contemporain : « On écoute beaucoup de choses : du Brad Mehldau, du Avishai Cohen et du Bad Plus, mais aussi tous les grands du jazz comme John Coltrane, surtout pour le quartet avec le sax. Je dirais que Coltrane est une grosse inspiration, tout comme McCoy Tyner ». Le pianiste tire ainsi des idées de ce qu’il entend chez ces musiciens tout en travaillant avec passion chacune de leurs pièces : « Pour moi, ça se passe ainsi : j’ai des idées que je développe, souvent en entamant une mélodie. Je la joue au piano pour le plaisir et là, il y a quelque chose qui ressort », explique-t-il. « Je me dis « Ce serait bien pour une composition » et là, je travaille dessus. Ça peut durer de une semaine à un mois de travail sur une pièce. Ça varie ».
Toutefois, les mélodies enregistrées sur un album prennent une tout autre couleur lorsqu’elles sont jouées live. Jonathan et ses deux acolytes reprennent ainsi à leur compte ce qui fait l’essence du jazz : l’improvisation musicale et la complicité entre les musiciens. « Dans le jazz, il y a beaucoup d’improvisation et il y a des thèmes qui sont écrits. Donc, on joue le thème, mais, ensuite, il y a une portion d’improvisation qui peut être complètement différente de ce qu’il y a sur l’album. Donc, ça fait que les prestations sont uniques. À chaque fois qu’on joue, il y a quelque chose de différent. Ce qui fait qu’il y a de l’intérêt à venir voir du jazz live parce que c’est une expérience en soi ». Le pianiste prend le soin de préciser que le jazz ne s’apprécie pas n’importe comment : « J’ai écrit ma musique pour que les gens l’écoutent parce que je pense qu’il y a une certaine richesse au jazz en général. Et je pense que c’est un peu un goût acquis : c’est comme boire du bon vin. Donc, après, les gens font ce qu’ils veulent ». Nous voilà avisés afin d’apprécier pleinement les prestations que le groupe donne.
Après avoir lancé Les rêves errants mardi soir dernier à l’Upstairs, le Trio Jonathan Turgeon part sur les routes du Québec pour faire la promotion de son album. De plus, Jonathan termine sa maîtrise en musique à l’Université McGill cette année et offrira un récital à cet effet le 15 mai prochain, à 20 h au pavillon Strathcona. En plus, il commencera à travailler sur un prochain album au courant de l’été. Pour plus de détails : www.jonathanturgeon.com
Crédit photo : Benoit Rousseau
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