Samedi le 29 avril dernier, le pianiste Roman Zavada présentait la dernière de son spectacle Résonances boréales à la Société des arts technologiques (SAT). Avant le spectacle, nous nous sommes assis avec Roman afin qu’il nous parle de sa première escapade pour jouer sous les aurores boréales, de la genèse du spectacle et ainsi que de l’album éponyme, ainsi que de son métier de pianiste pour films muets, lequel a pavé la voie pour ses résonances sorties du Grand Nord canadien.
L’idée de jouer du piano a germé dans la tête de Roman Zavada alors qu’il roulait en voiture jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine. En observant le ciel, il s’est imaginé remplacer les improvisations pour le cinéma muet par des joutes de piano pour le mouvement des aurores boréales. « Le projet autour de Résonances boréales est un peu de la composition, mais qui est partie d’une improvisation que j’ai créée dans le Grand Nord sous les aurores boréales », explique-t-il. « En allant vers l’abstraction totale où la nature crée des formes qui bougent, c’est vraiment très, très inspirant ». Le pianiste a mis son inspiration à l’épreuve lorsque son rêve est devenu réalité en 2013 en allant jouer sur un piano défraîchi et ancré sur le sol de la taïga aux abords de Prelude Lake dans les Territoires du Nord-Ouest. Accompagné du photographe Sylvain Humbert, il a été marqué par son premier séjour : « C’était merveilleux, c’était beau. Même touchant en fait! Il y a quelque chose que je n’arrive pas à exprimer en mots. Après deux semaines, ça nourrit vraiment la créativité et il y a quelque chose de très, très mystérieux, très, très puissant dans le Grand Nord! Tout m’a fasciné : les arbres, l’air frais, le ciel très, très étoilé».
Tout cela l’a inspiré pour qu’il compose des mélodies au piano durant deux semaines : « J’avais besoin de retourner à ma composition parce que ça fait 10 ans que j’accompagne des films muets. Je faisais moins de composition depuis les 10 ou 15 dernières années ». Suite à son séjour, Roman a voulu en faire un projet où ses compostions allaient côtoyer les aurores boréales. Ayant signé avec la SAT pour présenter un spectacle en ce sens à résidence, il a peaufiné ses compositions et s’est engagé à coproduire son spectacle avec les Productions Figure 55. De plus, en septembre 2015, le pianiste est retourné à Yellowknife afin de filmer les aurores boréales : « On a formé une équipe pour aller filmer les aurores boréales, mais en 360°. Il n’y avait pas une caméra, mais bien 5 caméras », précise-t-il. « Nous sommes retournés au même endroit de rêve pour filmer. On a eu des aurores boréales encore plus belles que quand j’y suis allé la première fois. On a réussi à capter ça. C’était vraiment magnifique ». Il a ainsi réuni des images afin de produire une vidéo projetée à 360° et comportant plusieurs séquences lesquelles épousent chacune des compositions de Résonances boréales.
Toutefois, bien avant de songer à jouer du piano pour accompagner l’un des phénomènes les plus majestueux de la nature, Roman Zavada a maîtrisé l’instrument de manière autodidacte durant son enfance et son adolescence. « Ma mère a enseigné le piano à l’université et à la maison. J’ai grandi dans l’univers du piano. Elle a essayé de me donner des cours, mais c’est par moi-même que je suis allé au piano. C’est à l’âge de 4 ans que je pouvais atteindre le clavier et j’ai commencé à jouer des notes et à tourner autour des mêmes rythmes. J’ai créé ma première composition à 4 ans ». Il a toujours apprécié improviser au piano afin de créer ses propres mélodies. Tranquillement, Roman a tracé son chemin jusqu’à la Cinémathèque québécoise, où il est devenu l’un des deux pianistes de films muets officiels de l’institution, l’autre étant Gabriel Thibaudeau, un ancien élève de sa mère : « Ils avaient besoin de quelqu’un pour le remplacer à la dernière minute : ils ont téléphoné à ma mère et c’est comme ça qu’ils m’ont introduit à Gabriel Thibodeau. Avec lui, je suis devenu le pianiste attitré : on est les deux à la Cinémathèque ». Il a ainsi développé son goût pour créer de toutes pièces des morceaux au piano sur des films de Charlie Chaplin ou des films allemands. Cela l’a également dirigé vers les prestations dans des parcs et, par la suite, vers ses résonances actuelles sous des images d’aurores boréales en mouvement.
Maintenant que sa résidence à la Satosphère de la SAT est terminée, Roman Zavada compte bien promener ses Résonances boréales à travers le Québec, les États-Unis et même l’Asie pour 2018! Pour suivre les activités à venir du pianiste et de son spectacle, rendez-vous sur la page Facebook de ce dernier. Comme il le dit lui-même, « Ça ne se termine vraiment pas ici ». L’album du même nom est aussi disponible en ligne.
Crédit photos : Sylvain Humbert (aurores boréales), Anouk Lessard (portrait)
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