Musicien depuis sa jeunesse, Mat Vézio n’a toutefois pas toujours assumé ce trait de sa personnalité artistique. Il s’est éloigné de la musique avant d’y revenir pour finalement faire carrière comme auteur-compositeur-interprète avec le lancement de son premier album, Avant la mort des fleurs cueillies paru en mars dernier. Nous nous sommes entretenus avec lui pour qu’il nous parle de la genèse de son album, de la réalisation de celui-ci, de ses sources d’inspiration et de ses expériences passées.
D’abord, le chanteur a pris trois années afin de concevoir un album qui soit entièrement à son image. « J’ai pris un an pour composer mes chansons. J’ai pris ensuite un an pour les enregistrer et ensuite une autre année pour l’ensemble de la postproduction : le mixage, le mastering, la pochette de l’album, etc. J’ai vraiment pris mon temps », affirme-t-il. Toutefois, c’est la prise en main de son projet de disque par Simone Records qui lui a permis d’accélérer ce dernier : « Ils se sont montrés ouverts à écouter ce que je faisais. Après avoir enregistré mes chansons en studio, je leur ai fait parvenir mes maquettes et ils se sont montrés enthousiastes devant celles-ci », raconte-t-il.
La réalisation de son album a été assurée par l’auteur-compositeur-interprète Antoine Corriveau, lequel a assumé ce rôle pour la première fois de sa carrière en plus d’y jouer certains instruments, dont les guitares électriques. « J’ai accepté de travailler avec lui parce qu’on s’entendait au départ et ça a été facile de travailler avec lui: on avait les mêmes aspirations et le même langage musical », glisse-t-il. « Il est un bon réalisateur, à l’écoute des artistes, qui n’est pas étouffant, qui va écouter et faire ça pour les bonnes raisons et qui va tout faire au service des chansons ». Il s’est également entouré d’autres artistes avec qui il collaborait pour la première fois : les chanteuses Amylie et Mélanie Boulay, la corniste Rose Normandin, la violoniste Julie Boivin et la violoncelliste Marianne Houle.
Les sources d’inspiration de Mat Vézio sont nombreuses pour son album. Pour les mélodies, il a notamment utilisé des arrangements semblables à ceux des chansons d’Elliott Smith et de Nick Drake, deux chanteurs qu’il a écoutés pendant l’enregistrement de son album. « Je voulais aller dans une direction semblable pour mes propres arrangements. Bien sûr, ce n’est pas la voie que j’ai utilisée par la suite parce que je me suis laissé aller, je ne me suis pas imposé de contraintes », souligne-t-il. Le chanteur cite également le groupe Bahamas, Leonard Cohen et Nick Cave pour l’influence qu’ils ont eue sur ses compositions. Ces dernières, revêtant souvent une teinte grise, reviennent constamment sur le thème du deuil dont Fukushima, la chanson portant le même nom que la ville japonaise frappée par la tragédie. « Il y en a qui trouvent mon album dark, mais moi, je le qualifierais de lumineux. Il va dans les profondeurs, mais en faisant surgir la lumière, car il parle principalement du deuil sous toutes ses formes. Pour moi, ça a été un album de guérison, en quelque sorte », fait-il valoir.
Toutefois, avant de se lancer dans la musique, il a entrepris un périple personnel et artistique pour se ressourcer. Il s’est notamment exilé en Europe pendant deux années, période durant laquelle il a été matelot sur des bateaux touristiques et étudiant dans une école de théâtre à Paris. « Le théâtre était quelque chose qui m’intéressait beaucoup depuis des années, mais je n’avais jamais vraiment essayé là-dedans », confie-t-il. « L’écriture théâtrale m’intéressait beaucoup aussi, mais au fil du temps, je me suis rendu compte que la musique me manquait ». Après être revenu à Montréal où il a œuvré comme batteur et guitariste pour d’autres artistes et d’autres groupes dont Les Monarques, l’envie d’avoir sa propre carrière musicale, en solo, s’est fait sentir. Il ne lui restait qu’à prendre confiance en ses talents dans la chanson, ce que les Rencontres de la création de Natashquan lui ont permis de faire : « C’est vraiment à Natashquan que j’ai trouvé ma voie, sur scène. Lorsque je suis revenu à Montréal, j’étais plus confiant, moins complexé, surtout avec ma voix », reconnait-il.
Maintenant qu’il a sorti son premier album Avant la mort des fleurs cueillies, Mat Vézio confirme ainsi avoir acquis de la confiance en ses qualités d’auteur et d’interprète, le tout conjugué à ses talents de compositeur. Ayant commencé à donner quelques spectacles depuis la sortie de son album, le chanteur sera aux FrancoFolies dimanche le 11 juin prochain. Pour suivre ses activités scéniques qui auront surtout lieu à l’automne prochain, rendez-vous sur son site web.
Photo : courtoisie
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